Par Sarah Nafti – Le 28 juin 2022. Centre Inffo

Anne Bonnefoy, directrice du CFA (centre de formation d’apprentis) du Cnam (Conservatoire national des arts et métiers), a relevé que la loi du 5 septembre 2018 avait conduit à de nouvelles missions pour les CFA (centres de formation d’apprentis), notamment « l’obligation d’accompagnement des apprentis ». Cela s’est traduit au CFA du Cnam par la création d’un pôle accompagnement et vie de l’apprenti. « Nous devons également nous saisir du sujet de la réorientation des apprentis, quand ils ne trouvent pas de contrat, pour leur permettre une sortie positive. »

Liberté éclairée

La Fédération des CIBC (Centre interinstitutionnel de bilan de compétences) est l’un des cinq opérateurs chargés d’accompagner les transitions professionnelles, notamment par le CEP (conseil en évolution professionnelle). « Notre rôle est de permettre une « liberté éclairée » dans un environnement où beaucoup de salariés se questionnent sur le sens du travail », a expliqué Sophie Clamens, déléguée générale de la fédération des CIBC. Le CEP permet « de construire son projet », les accompagnateurs sont « des médiateurs entre les aspirations individuelles et les besoins des entreprises » et ont « un rôle essentiel ».

Travailler par bassin d’emplois

De son côté, Stéphane Maas, directeur de Transitions Pro Ile-de-France, a rappelé qu’après la crise sanitaire 60% des salariés souhaitaient changer de voie. « Le dispositif de transitions collectives permet aux entreprises en difficulté qui le mobilisent d’aider leurs salariés à faire des mobilités externes vers des métiers porteurs ». Cela nécessite « de travailler par bassin d’emplois », à la fois pour

identifier les emplois en difficulté et ceux qui recrutent. Par exemple, Monoprix a utilisé ce dispositif afin que certaines hôtesses de caisse soient formées pour devenir aides-soignantes pour Korian.

L’usager au coeur du système

Olivier Gérard, chef de projet REVA, chez beta.gouv.fr, est en charge d’une expérimentation qui vise à faciliter l’accès à la VAE (Validation des acquis par l’expérience). « L’idée est de mettre l’usager au cœur du système ». Car, la VAE, dispositif qui a 20 ans, « n’a jamais trouvé de second souffle ». Le nombre de candidats, environ 20000 par an, baisse régulièrement. « Et il y a un taux d’échec, entre le moment où la personne se renseigne et celui où elle arrive au bout, de 90% ». Après un rapport de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) en 2016, plusieurs hypothèses ont été émises sur les difficultés du dispositif : « la question de la recevabilité est très administrative et il y a beaucoup d’échec à ce niveau. Ensuite, l’accompagnement est jugé tardif et mal structuré. Le candidat doit rechercher lui-même les financements. Enfin, il y a la question de la composition des jurys, qui peut donner des délais très importants pour avoir son diplôme (8 à 10 mois pour aides-soignants) ». L’expérimentation vise à « challenger l’éco-système », à la fois en réfléchissant aux compositions des jurys, dont l’objectif serait de les multiplier par 5 en 5 ans mais aussi en misant sur un meilleur accompagnement. Ainsi, le ministère du Travail a lancé un appel d’offre pour l’accompagnement des bénéficiaires. « Nous souhaitons créer une fonction nouvelle, d’architecte parcours. Nous cherchons des experts de l’accompagnement, quelles que soient leurs structures, même si ce ne sont pas des organismes de formation. Privé, public, associatif, l’accompagnement est un marché libre, tout le monde peut postuler. »

Fédérer et professionnaliser

Cette expérimentation a laissé Anne Bonnefoy perplexe, qui a rappelé que « n’importe qui ne peut pas devenir accompagnateur » et qu’il y a plutôt besoin « de fédérer et de professionnaliser les acteurs ». Et la directrice de rappeler que « l’accompagnement coûte et ne rapporte pas forcément, mais c’est un investissement qualitatif pour le public et l’établissement. »